Ici, On vit…d’ordures!
Il n’y a pas de « sale » métier. Ailleurs on laboure la terre, ici on retourne les déchets à la recherche de la « matière ». Des centaines, des milliers de personnes selon des chiffres aussi incertains et fluctuants que “l’informalité” régnante, viennent y gagner leur pain enfoui sous les ordures, parfois à l’insu de leur entourage. La souillure est inévitable mais heureusement que l’argent qu’on collecte à Mbeubeuss n’a pas d’odeur.
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Un groupe de récupératrices |
Une jeune dame, se retire quant à elle avec à la main 3 perruques qu’elle s’occupe à arranger. Elles sont nombreuses à travailler ici. « Dernièrement on était venu, moi et d’autres femmes qui s’activent ici, s’enquérir de la situation parce qu’on nous avait averti qu’il y avait le feu. Nous étions venus à la hâte vêtus des habits que nous portons habituellement chez nous et les Sapeurs-pompiers nous raillaient en nous demandant pourquoi avait-on bien besoin de venir travailler ici » rajoute en riant A.Faye.
Il n’est pas seul. D’autres sont également à l’œuvre, courbés et piochant dans les monticules fumantes. Cette partie de la décharge est d’autant plus intéressante que le feu facilite la récupération du cuivre contenu dans les fils électriques et autres matériels.
Tout le contraire de Mbacké Diouf, la mine joviale qui a quant à lui arrêté ses études après un échec en Cem2 :« Il suffit de passer chez moi et de me voir avec mes amis. Je ne vole ni n’agresse mais je n’envie personne. Je suis un noble ! ». Bientôt 14 ans qu’il travaille ici et sans regretter d’y être malgré tous les préjugés sur ceux qui fréquentent ce lieu notamment la délinquance : « à chacun ses occupations, on ne peut pas filtrer ceux qui entrent mais pour l’insécurité dont on nous parle c’est plutôt le fait des malfaiteurs qui viennent de l’extérieur pour s’abriter ici mais ce n’est pas si grave car la police visite les lieux régulièrement, elle a d’ailleurs fait une descente avant-hier ».
A son instar, une retraite ou un retrait de ce lieu taxé de peu fréquentable, parait encore lointain, tout comme la délocalisation de la décharge remise au goût du jour au détour d’accidents vite oubliés, on ne s’en préoccupe pas souvent ici, idem pour les “égosillements” de riverains et autres activistes exaspérés de sa présence. Aucune action d’envergure ne se profile à l’horizon tout comme une visite, d’habitude rare, d’autorités l’envisageant dans cette Entreprise lucrative à ciel ouvert et dont aucune localité ne voudra jamais SENTIR la présence.
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